la strada maestra

 

les protagonistes

la comédie, en français et italien.

le refrain C'est un des mots, un des moments de cette période qui surgissent, se projettent sur l'écran de la mémoire quand le projecteur s'allume, souvenirs, souvenirs

 

    les protagonistes : zia Giustina, Maxou,

   En 1943, les dames âgées (en fait on disait les vieilles dames et toutes portaient le titre de Zia ou Tante, Khalti, marque de respect) s'habillaient en noir. Les Zie portaient un corset et se tenaient bien droites, les cheveux tirés en chignon, petites épingles discrètes pour le tenir bien serré. Zia Giustina était une cousine de ma grand'mère Nonna Linda.Venues d'Italie (Livourne) dans les années 1880 elles s'étaient mariées avec des tunisiens, signe que les barrières étaient alors moins étanches ou mariages d'amour ?

   Zia Giustina n'avait pas eu d'enfants et comme elle tait riche c'était la tante à héritage des Moatty. A ce titre ou par caractère et autorité personnels, quand elle débarquait au Passage Romano elle distribuait critiques et remontrances aux enfants, les cinq Moatty. Par contraste, elle venait après chez nous, côté Nataf, les deux appartements étaient sur le même palier, palier à ciel ouvert, le bâtiment n'avait qu'un premier étage, le palier donnait sur "la petite cour" de l'école, la chère Alliance (rue Malta Srira) et ne tarissait pas d'éloges sur notre sérieux "bravi bravi ! fanno i compiti" ... les petites Nataf en élèves modèles et les Moatty têtes légères.

   Et donc, novembre 42, les Allemands à Tunis, les américains bombardent, nous nous réfugions à la ferme, à 16 km de Tunis et nous sommes rejoints par nombre de parents, amis, qui cherchent aussi à échapper aux hurlements des sirènes. Parmi eux, Zia Giustina, je ne me rappelle pas si son mari, le vieil Elia, était là aussi.

    Le mot de zia Giustina, dans ses élans positifs, c'était "core mio" (mon coeur), à qui s'adressait cette expression, plus aucun souvenir ...

    Maxou ! 20 ans en 42, rejoindra Leclerc dès la Libération de Tunis, travail obligatoire pour les Allemands pendant la période d'occupation, mais affecté à des travaux de peinture décoration des villas réquisitionnées. Boute-en train de première, blagueur, imitateur avec talent ... les gestes les attitudes ... Les jours où il était libre, nous rejoignait à Beaulieu et racontait, racontait, enjolivait ...

 

 

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   la comédie

cette chère Giustina avait le chic de répéter certains mots, elle avait ses refrains qui jaillissaient "spontanément" pourvu qu'elle cède à l'émotion et au fond elle était très émotive ... "core mio" disait-elle dans ses bons moments au lieu d'invectiver les inconscients, mal élevés, paresseux e tutti quanti ...

A Beaulieu pendant cette période de l'occupation elle était un des personnages remarquables. Et voilà les derniers jours de l'occupation, la débâcle des allemands, nous attendons, à la fois impatients et inquiets, d'autant qu'ils ont fait creuser des tranchées dans le jardin : ce sont des prisonniers de la 8e armée anglaise, des indiens, maigres, bruns, qui font ce travail. Et les avions américains, en formations de plus en plus nombreuses, de plus en plus rapprochées, vont accélérer la retraite allemande, ils défilent, camions tous véhicules sur la route ... alors voilà de quelle route s'agit-il ? Et notre Giustina, stratège, discute : si c'est là la strada maestra - la route principale, magistrale, alors elle va être bombardée et nous aussi peut-être.

   Et le débat, Maxou-Giustina, s'engage, Max a rapporté de Tunis le journal, Giustina veut lire pour savoir si cette route est ... est bien la strada maestra ... elle veut être rassurée ou le contraire, je ne me souviens pas des paroles, si ce n'est cette strada maestra mais je les revois comme si c'était hier : Max tient le journal derrière son dos, elle veut le saisir, il tourne, se défile, ils parlent italien, Max a de ces réparties sentencieuses impayables, et elle est énervée, la strada maestra la stra .. Elle ne saura pas ce jour-là mais les évènements vont plus vite, il n'y a pas eu de combats dans notre coin, et nous avons assisté à cette débâcle allemande sans une goutte de sang, et de toute la guerre nous avons été épargnés ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   le refrain

   Et voilà, plus de soixante ans après m'est revenu ce refrain, sont réapparues les images de cette véritable danse de Max avec la tante Justine ... une pensée pour eux, qu'en paix ils reposent loin de la strada maestra ...